6 aoû 2010

Destructions d’emplois : chiffres catastrophiques pour le capitalisme et importance centrale de la question ouvrière

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Les médias bourgeois ont publié hier les chiffres d’un rapport établissant qu’en 2009, 256.100 emplois salariés avaient été détruits. Le « Pôle emploi » affirme même : «Après une année 2008 en léger recul (-0,5%), l’année 2009 se caractérise par des pertes nettes d’emplois en très forte accélération. »

Les médias bourgeois sont effarés par ces chiffres « jamais observé depuis l’après-guerre » et qui témoignent de la crise générale du capitalisme.

A ce titre, et avant de procéder à la publication d’une série de documents sur le mode de production capitaliste et le mode de production socialiste, rappelons ici quelques éléments pour comprendre ces chiffres.

En effet, le secteur industriel est le plus touché, avec une baisse de 5,2%, puis vient le secteur du bâtiment, avec 2,9%.

Pourquoi cela ? Ce fait est à comprendre avec le fait que, pour la première fois depuis 1976, le nombre d’établissements affiliés à l’Assurance chômage a baissé de 0,5%.

Le maître-mot est ici : concentration. C’est le premier aspect.

Le second, c’est que les pertes nettes d’emplois ont concerné à 98,5% les entreprises de plus de dix salariés (ce sont dans ces entreprises que travaillent 75,2% des salariés).

Le maître-mot est ici : chute tendancielle du taux de profit, les entreprises licenciant pour sauver leur marge alors qu’en fait elles se torpillent car leur richesse provient de l’exploitation.

Nous pouvons voir ici clairement les fondements du capitalisme : la classe ouvrière est exploitée ; la concentration des entreprises se développe ; les licenciements se généralisent pour sauver le taux de profit qui est en fait ainsi torpillé (mais cela, les capitalistes ne peuvent pas le comprendre).

Comme dit plus haut, nous repréciserons ces aspects dans une série d’articles. Regardons par contre le pourquoi des deux secteurs en question.

On sait que les masses populaires sont exploitées par le capitalisme. Néanmoins, la classe ouvrière est la classe la plus exploitée, c’est elle qui est au coeur du capitalisme, voilà pourquoi la crise la frappe elle plus qu’une autre classe. Suit le bâtiment, d’où le fait que les travailleurs de ce secteur soient les seconds les plus touchés.

La classe ouvrière est la plus exploitée, parce que son travail est le plus intense.

Les caissières de supermarché et les employés qui mettent en rayon les marchandises sont bien entendu également exploitéEs. Mais les marchandises existent initialement en dehors de leur activité : il y a la production de marchandises, le supermarché les achète, puis les vend.

Les caissières et employés n’arrivent que dans le second moment ; les marchandises ne sont pas produites par ces travailleurs et travailleuses. Il y a bien exploitation, mais les chaînes de distribution réalisent des opérations commerciales.

La chaîne de supermarché fonctionne selon le principe : Argent – Marchandises – Argent. L’argent sert à acheter des marchandises, qui sont vendues pour avoir davantage d’argent. « La fonction du capital marchand se résout donc à ceci : échange de marchandises par achat et vente. » (Marx, Le capital, Livre III).

Maintenant, posons-nous la question : ce capital marchand peut-il réellement influer sur les marchandises ? Non, car ce capital ne produit pas la marchandise. Il utilise la marchandise, mais ne lui ajoute pas de valeur réellement significative.

Preuve en est que la circulation marchande a existé avant la domination du capital. Karl Marx explique ainsi au sujet du capital que « les conditions historiques de son existence ne coïncident pas avec la circulation des marchandises et de la monnaie.

Il ne se produit que là où le détenteur des moyens de production et de subsistance rencontre sur le marché le travailleur libre qui vient vendre sa force de travail. »

Le supermarché ne produit pas des marchandises : il consiste en un marché. Cette thèse est essentielle car sinon, on verrait une différence qualitative entre l’épicier et le supermarché, comme le font les petit-bourgeois. Or il n’y en a pas : il s’agit dans les deux cas de capital marchand.

Il y a exploitation, mais la plus-value est bien moins réelle que celle faite dans les usines, là où la marchandise prend naissance. C’est dans l’usine que la matière est transformée, transformée en un bien qui devient marchandise. L’intensité du capital dans l’usine est bien plus grande que dans le supermarché.

C’est par l’usine que le capital s’approprie la réalité matérielle, la nature, pour produire des marchandises.

Cette compréhension du rapport à la nature est essentielle car c’est elle qui a permis à Marx de comprendre ce qu’est la classe ouvrière.

Rappelons que pour Hegel et sa dialectique, l’esclave renverse le maître car ce dernier ne travaille pas (et pour se sentir vivre met sa vie en jeu, dans les duels) et méprise la vie. Or l’esclave, qui s’est soumis pour ne pas être tué (par le maître), travaille et change le monde, et se change alors lui-même.

Karl Marx a pareillement compris que c’est la classe ouvrière qui changeait le monde. Les autres classes exploitées n’ont pas ce caractère central. Citons Karl Marx pour bien le comprendre :

« Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature.

L’homme y joue lui-même vis-à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. Les forces dont son corps est doué, bras et jambes, tête et mains, il les met en mouvement afin de s’assimiler des matières en leur donnant une forme utile à sa vie. »

Ainsi donc, c’est la classe ouvrière qui est la seule classe matérialiste. C’est de là que vient sa position révolutionnaire.

Prenons un exemple concret pour bien comprendre Karl Marx. Si une personne a le malheur d’aller dans un fast food, elle va acheter une marchandise.

Cette marchandise lui est fournie par un vendeur ou une vendeuse, qui est exploitéE et incorpore de la valeur marchande à la marchandise. Mais ce n’est pas elle qui a préparé le plat.

La personne qui a préparé le plat a permis à la marchandise d’exister (sous la forme d’un sandwich, d’un hamburger, etc.). Elle a incorporé davantage de valeur car elle a produit un bien, alors que l’autre personne n’a fait que vendre un bien déjà existant.

Et ce n’est même qu’une partie du processus. Car la matière première du processus a elle-même été produite. Et où ? En usine, l’endroit où le monde est modifié par la classe ouvrière.

La plus-value extorquée dans ces usines, par la production de viande issue de l’exploitation animale par exemple, est bien plus grande qu’au fast food. Car sans l’usine, pas de fast food ; sans viande, pas de matière première pour le hamburger.

La généralisation de la viande s’explique justement par l’intensité du capital et le profit qui se dégage (voir l’article : Crise du capitalisme et intensification de la productivité : le rôle des animaux dans la chute tendancielle du taux de profit).

De la même manière, le vendeur d’un magasin de sport est exploité, mais bien moins que les personnes ayant fabriqué ces chaussures en Asie.

Voilà pourquoi les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine sont des semi-colonies : leur production est appropriée par les pays capitalistes, qui jouent le rôle et de propriétaires d’usines, et de marchands mettant les marchandises sur le marché.

Ceux et celles qui sont des appuis à la production, comme les caissières, les vendeurs, les employéEs etc. sont exploitéEs, mais la véritable exploitation a lieu où est produite la richesse sociale : dans l’usine.

Voilà pourquoi la classe ouvrière doit tout diriger : elle seule transforme la matière, et a par conséquent une vision matérialiste de la vie.        

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