3 mar 2009

La critique du capitalisme dans le programme du NPA

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Nous traiterons ici du texte programmatique transitoire du Nouveau Parti Anticapitaliste, dont le congrès fondateur vient d'adopter les lignes générales, « par 540 pour, 1 contre, 49 abstentions et 5 refus de vote. Principes fondateurs du Nouveau Parti Anticapitaliste adoptés par le congrès ».

En quoi tient ce programme ? Quatre chapitres, des grandes lignes et finalement peu d'analyses concrètes. Lançons-nous donc dans une critique constructive, révolutionnaire, pour comprendre le fondement souvent idéaliste, révisionniste, social-démocrate du programme du NPA.

Voici ici la critique du premier chapitre, celui sur la critique du capitalisme, chapitre intitulé par le NPA «Le capitalisme met l'humanité et la planète en danger».

Le NPA considère en effet que:
« Le système capitaliste génère des crises qui se conjuguent : crises alimentaires, économiques, écologiques, énergétiques, financières, sanitaires, sociales, tensions internationales et guerres, dont les conséquences sont toujours dramatiques ».

Le Nouveau Parti Anticapitaliste s'oppose donc avec force au capitalisme, et s'affirme « anti » capitaliste.

Mais le programme du NPA définit-il le capitalisme ? Non, tout est évasif, fluctuant, vague.

Six occurrences principales du terme existent dans le texte. Comme dans la citation ci-dessus, on apprend que le capitalisme génère de vilaines crises comme celle que nous vivons, et le NPA se propose de combattre ce système.

Pourtant, combattre le mal suppose de définir ce qu'il est, ce que le programme du NPA ne prendra jamais le temps de faire. Le NPA traite du capitalisme comme le journaliste économique qui pose des notions sans aucun discernement.

Qu'est-ce que le capitalisme, pour quelqu'un qui a appris de Karl Marx ? C'est un régime économique, un mode de production, celui qui succède au féodalisme avec l'émergence des révolutions bourgeoises. Il est fondé sur la propriété privée capitaliste des moyens de production, sur l'exploitation des ouvriers salariés, dépourvus de moyens de production et d'existence, et obligés de vendre constamment leur force de travail aux capitalistes.

La force motrice de la production capitaliste, son stimulant principal est le profit qui provient de l'appropriation de la plus-value, créée par les ouvriers.

Tel n'est pas le point de vue du NPA. Le NPA se contente de dire :

« La mondialisation marquée par une offensive des classes dominantes contre les travailleurs et les peuples pour augmenter les profits aboutit à une crise profonde et structurelle du mode de production capitaliste lui-même. »

Sans plus de commentaire, et déjà la notion de capitalisme passe par un miracle syntaxique en devenant subitement « mondialisation », comme si cette notion bourgeoise (mais aussi petite-bourgeoise), d'ailleurs éculée, pouvait rendre compte à elle seule des malheurs de ce monde.

Pour qui a compris les enseignements de Karl Marx, pour qui a compris le marxisme-léninisme-maoïsme, l'économie capitaliste est basée sur l'anarchie de la production, elle est soumise aux lois spontanées du développement.

De là les crises économiques périodiques, inévitables sous le capitalisme, les crises de surproduction, non seulement de capital, mais également de marchandises, lorqu'il y en a plus que n'en peut absorber le marché, limité par le pouvoir d'achat des travailleurs dont le niveau de vie, dans les conditions du régime capitaliste, baisse sans discontinuer.

L'économie des pays capitalistes se développe par cycles, c'est-à-dire que la croissance de la production, par suite des contradictions antagoniques inhérentes au capitalisme, cède la place à une baisse de la production, à une chute brusque, à la crise, et ce jusqu'à la crise générale du capitalisme, que les capitalistes tentent de conjurer par la guerre.

Pendant la crise, on observe une destruction massive des forces productives de la société, le chômage augmente considérablement, pas moins de 90 000 chômeurs de plus par exemple en janvier 2009 en France, ainsi que la misère de la classe ouvrière et de tous les travailleurs; toutes les contradictions du régime capitaliste s'aggravent.

Avec le développement du capitalisme, l'oppression capitaliste se renforce, la paupérisation absolue et relative de la classe ouvrière et de tous les travailleurs s'accentue, les idéologies réactionnaires se développent, la politique impérialiste s'impose au sein de l'Etat bourgeois et de la bourgeoisie monopoliste, la plus agressive.

Cette situation, même le NPA se voit obligée de la constater : « Les conditions de vie se dégradent... La précarité explose ».

Oui, les conditions de vie se dégradent. Pourquoi ? A causes de vilains spéculateurs selon le NPA, qui engrangent les profits plus qu'il ne faut.

« Au nom du profit, les capitalistes organisent la surproduction de marchandises inutiles et/ou nocives, alors que plus de trois milliards d'habitants de la planète, soit près de la moitié de l'humanité, vivent avec moins d'un euro par jour. »

Le NPA tire sur la corde du misérabilisme moral ce qui n'est pas une attitude révolutionnaire. Le NPA ne cherche aucunement les racines de ce fait.

Revient-on sur les causes de la dégradation ? Non, le NPA ne pense pas que la crise soit inhérente et obligatoire, et se déroule malgré tous les efforts de la bourgeoisie pour tenter de la contrer. Pour le NPA, la situation a été choisi de manière subjective par « l'offensive des classes dominantes », qui impose la « mondialisation » :
« La mondialisation marquée par une offensive des classes dominantes contre les travailleurs et les peuples pour augmenter les profits aboutit à une crise profonde et structurelle du mode de production capitaliste lui-même ».

Quelle offensive ? Par quels biais ? Le NPA ne semble aucunement le savoir. Quant à la thèse que l'agressivité de la bourgeoisie est le produit inéluctable de la non moins inéluctable crise générale du capitalisme, le NPA la rejette, pour même l'inverser.

Le NPA parle ainsi de capitalistes, mais n'a jamais défini dans son programme ce qu'est le capital. Quant au profit, on en parle, on fait un discours sans savoir réellement de quoi il s'agit.

Pourtant, en régime capitaliste cela est très clair. Plus les richesses sociales se concentrent aux mains d'un petit groupe de capitalistes, et plus se prolétarisent les masses, plus s'étend le chômage et s'appauvrit la classe ouvrière. « Voilà la loi générale, absolue, de l'accumulation capitaliste » disait Marx (Le Capital, L. I, t. 3).

Les membres du NPA semble découvrir ce fait scientifique. Ils découvrent le profit. Mais qu'est-ce que le profit ? Une nouvelle chimère dans ce programme ! Un prétexte pour un anticapitalisme romantique, petit-bourgeois! Aucune définition ! Tout au plus apprend-on que:

« La logique du profit est indissociable d'une marchandisation toujours plus importante de toutes les activités humaines... Elle s'accompagne d'une mise en concurrence des territoires, des institutions, des individus, concurrence destructrice des liens sociaux et des solidarités, qui exclut, brise la vie des travailleurs ». 

Le profit est une « logique »... la belle affaire !

 « C'est la recherche effrénée de profits par une infime minorité de la population qui est à la racine de cette crise ».

Tel n'est pas le point de vue communiste. Depuis Karl Marx, on sait que le profit est la plus-value considérée dans son rapport avec la totalité du capital investi dans la production.

Au fur et à mesure que le capitalisme se développe, la composition organique du capital s'élève sans discontinuer.

Tout entrepreneur, qui remplace de plus en plus les ouvriers par des machines, cherche à rendre la production moins coûteuse, à élargir l'écoulement de ses marchandises et à tirer un surprofit.

De cela le NPA ne dit rien. Il ne s'intéresse pas aux processus se déroulant au sein du capitalisme. Il ne voit le capitalisme que comme une forme stable, déterminée, aucunement travaillée par des contradictions.

Le NPA rejette la conception de Karl Marx, préférant nommer dans une longue litanie la « logique » de cette espèce singulière que serait le capitaliste :
«Cette logique est celle de la lutte menée avec cynisme par la bourgeoisie de la finance, des affaires, des multinationales, des banques, les spéculateurs, leurs alliés politiques, les gouvernements, les institutions internationales à leur service.»

Ce qui fait que le NPA est obligé d'aller jusqu'à «oublier» de signaler un fait d'importance, au caractère central historiquement : une lutte de classe aiguë entre la bourgeoisie et le prolétariat, tel est le trait essentiel de la société capitaliste.

Le NPA «oublie» de parler de lutte de classe, ne nomme jamais le prolétariat et se fait une idée métaphysique du capitaliste, et a une conception anti-capitaliste romantique.

Le NPA ne voit pas les entraves de la classe ouvrière. Le NPA n'enquête sur rien, il se figure connaître les chaînes qui entrave le précaire qui sont tenus par « les capitalistes », mais n'en dit rien.

Cette conception est métaphysique-romantique, elle est gravement erronée.

Marx est pourtant clair comme l'eau de roche : « Une chaîne retenait l'esclave romain; ce sont des fils invisibles qui rivent le salarié à son propriétaire.
Seulement ce propriétaire, ce n'est pas le capitaliste individuel, mais la classe capitaliste. (...)

La reproduction de la classe ouvrière implique l'accumulation de son habileté, transmise d'une génération à l'autre. Que cette habileté figure dans l'inventaire du capitaliste, qu'il ne voie dans l'existence des ouvriers qu'une manière d'être de son capital variable, c'est chose certaine et qu'il ne se gêne pas d'avouer publiquement dès qu'une crise le menace de la perte de cette propriété précieuse
 » (Le Capital, Livre I, Section VI, chapitre 22, « la reproduction simple »).

Jamais le NPA ne se place au niveau de la lutte d'une classe contre l'autre. Contrairement au principe de l'analyse matérialiste, qui exige une compréhension dialectique du mouvement, il préfère la multiplication des entités creuses : « capitalistes », « actionnaires », « peuples ».

Cela cache une conception petite-bourgeoise, classe qui peut prétendre à une critique romantique du capitalisme, mais aucunement n'assumer une analyse scientifique de la lutte des classes.

Voilà pourquoi le NPA a un programme romantique:
« Nous utilisons, défendons et faisons vivre les droits démocratiques pour mener le combat politique. Il n'est pas possible de mettre l'État et les institutions actuelles au service d'une transformation politique et sociale.
Ces organismes, rodés à la défense des intérêts de la bourgeoisie, doivent être renversés pour fonder de nouvelles institutions au service et sous le contrôle des travailleurs et de la population. 
»

Comment renverser le mode de production capitaliste ? Le NPA ne l'explique pas. Et, de toutes manières, avant de savoir comment renverser, encore faut-il savoir ce qu'il faut renverser! Et cela le NPA ne le dit pas, parlant simplement, de manière romantique, du «système»:

« La logique du système invalide les prétentions de le moraliser, de le réguler ou de le réformer, de l'humaniser, qu'elles soient sincères ou hypocrites.
La logique du système contribue par là même à créer les conditions de son renversement, d'une transformation révolutionnaire de la société, en démontrant quotidiennement à quel point il est vrai que le bien-être, la démocratie, la paix sont incompatibles avec la propriété privée des grands moyens de production
 ».

Nous avons ici un élément central dans la compréhension de la nature du NPA: la valeur attribuée par celui-ci aux « grands moyens de production » et à la « propriété privée ».

En substance, le NPA nous dit qu'il ne faut pas confier les GRANDS moyens de production à la propriété privée. Cela signifie sans doute que l'Etat, (mais cela n'est pas précisé) en soit l'attributaire.

Mais qu'en est-il des PETITS moyens de productions? Y a-t-il vraiment, comme le NPA le laisse supposer, une différence de nature entre la petite propriété privée, comme une maison ou une entreprise du type P.M.E., et la grande propriété privée?

Il ya ici deux poids, deux mesures, et une différenciation erronée dont Lénine a parlé à de nombreuses reprises:

« L'idéalisation de la petite production nous révèle un autre trait spécifique de la critique romantique et populiste: son caractère petit-bourgeois.
Nous avons vu que le romantique français comme le romantique russe font de la petite-production une "organisation sociale", une "forme de production", qu'ils opposent au capitalisme. Nous avons vu aussi que cette opposition n'implique qu'une compréhension très superficielle, qu'elle isole artificiellement et à tort une forme de l'économie marchande (le grand capital industriel) et la condamne, tout en idéalisant utopiquement une autre forme de cette même économie marchande (la petite production).
» (Pour caractériser le romantisme économique).

Qu'est-ce qu'un moyen de production  pour un communiste ? Il s'agit « simplement » du mode d'obtention des moyens d'existence (nourriture, vêtements, logement, instruments de production, etc.), nécessaires à la vie des êtres humains sur la planète terre, à la vie et au développement matériel et culturel de la société.

Le mode de production constitue la base du régime social dont il détermine le caractère. Tel mode de production, telle société elle-même.

Relisons le programme du NPA : « La logique du système contribue par là même à créer les conditions de son renversement, d'une transformation révolutionnaire de la société, en démontrant quotidiennement à quel point il est vrai que le bien-être, la démocratie, la paix sont incompatibles avec la propriété privée des grands moyens de production ».  

Si le capitalisme est incompatible avec la propriété des grands moyens de production, cela veut dire que le prétendu « socialisme » du NPA est compatible avec la propriété publique, la nationalisation par exemple, des GRANDS moyens de production.

Reste alors la question des petits moyens de production. Un moyen de production se subdivise, le mode de production présente deux aspects, comme toute chose et tout phénomène.

Le premier aspect est constitué par les forces productives de la société qui expriment le comportement des êtres humains à l'égard des objets et des forces de la nature utilisés pour produire les biens matériels indispensables.

L'autre aspect, ce sont les rapports de production entre les hommes au cours de la production sociale.

L'état de ces rapports montre à qui appartiennent les moyens de production, à la société entière ou bien à certains individus, groupes ou classes qui s'en servent pour exploiter d'autres individus, groupes, classes.

Chaque mode de production, qui est historiquement déterminé, est une unité des forces productives et des rapports de production. Et cette unité est elle-même dialectique.

Après avoir surgi sur la base des forces productives, les rapports de production exercent une grande influence en retour. Ils entravent le développement des forces productives ou le favorisent.

Au cours de l'évolution du mode de production, les rapports de production retardent nécessairement sur les forces productives qui sont l'élément le plus mobile. Ainsi à une certaine phase du développement du mode de production, une contradiction surgit entre ses deux aspects.

Mao Ze Dong disait du socialisme et des rapports aux forces de production en Chine dans les années 1960 que « Le but de la révolution socialiste est de libérer les forces productives. La transformation de la propriété individuelle en propriété collective socialiste dans les domaines de l'agriculture et de l'artisanat, et celle de la propriété capitaliste en propriété socialiste dans l'industrie et le commerce privés aboutiront nécessairement à une libération considérable des forces productives.
Et les conditions sociales seront ainsi créées pour un énorme développement de la production industrielle et agricole 
». (Allocution à la Conférence suprême d'Etat, 21 janvier 1956).

Ou plus simplement: « S'il y a de la place pour la bourgeoisie, il n'a pas de place de le prolétariat ; s'il n'y a pas de place pour le capitalisme il n'y a pas de place pour le socialisme » (Parti Communiste de Chine, Propagande pour le socialisme ou le capitalisme, 1969).

Le NPA semble, à l'opposé du communisme, tout à fait disposé à laisser à la propriété privée les « PETITS » moyens de production.

On comprend pourquoi le NPA n'apprécie guère le terme de «communisme». Le NPA, en faisant le constat actuel du capitalisme et de sa crise, suit une conception petite-bourgeoise, idéaliste, fixiste, visant à maintenir le statu quo ou encore à revenir en arrière, à il y a quelques années, à la période historique de développement du capitalisme où la petite-bourgeoisie pouvait encore subsister.

Le NPA, loin de toute possibilité de saisir dialectique la chose, en ses multiples contradictions, ne possède pas de théorie sur les choses et les phénomènes, ne maîtrisant en rien les concepts même qu'il prétend parfois exploiter

. Voilà pourquoi le NPA ne veut en fait pas aborder la question de l'impérialisme comme stade suprême du capitalisme, pourquoi il ne veut pas aborder la question de la crise générale du capitalisme, la question du fascisme, la question de la guerre.

L'impérialisme est la suite inévitable de toute l'évolution antérieure du capitalisme, et cela soit le NPA le reconnaît, soit il le nie - et il choisit de le nier.

Dans « L'impérialisme, stade suprême du capitalisme », Lénine fut le premier des marxistes à donner une définition scientifique de l'impérialisme, à découvrir ses tares et les conditions de sa perte inéluctable.

« L'impérialisme est le capitalisme arrivé à un stade de développement où s'est affirmée la domination des monopoles et du capital financier ; où l'exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan ; où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s'est achevé le partage de tout le territoire du globe entre les plus grands pays capitalistes. »

Là où le NPA se cantonne dans une posture romantique expliquant que tout va mal, la définition d'impérialisme aurait pu éclairer les phénomènes actuels que vit le capitalisme, et expliquer la situation des masses. Mais le NPA préfère le romantisme à la science, car celle-ci condamnerait sa base sociale: la petite-bourgeoisie.

Le programme du NPA se risque à un moment à une citation de Jaurès « La paix est incompatible avec ce système : "le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage" »,; simplement voilà le programme du NPA ne donne aucun exemple ni définition de ce qu'est le capitalisme, de ce que sont les classes, des origines des phénomènes comme la guerre, la crise, le néo-colonialisme et de la guerre...

Le NPA préfère ne rien expliquer et mettre en avant un romantisme, à travers le concept de « mondialisation ».

Et cela n'est pas servir les masses populaires, ce n'est pas progresser dans la lutte pour l'objectif que doit avoir toute personne révolutionnaire: le communisme!

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