12 juil 2014

Comprendre la crise meurtrière au Proche-Orient

Submitted by Anonyme (non vérifié)

Comprendre l'actuelle crise meurtrière au Proche-Orient est une chose finalement aisée si on utilise le matérialisme historique, c'est-à-dire si on prend en compte les multiples contradictions, et non pas une seule, et si l'on voit quelle est la contradiction principale, servant de moteur en ce moment aux autres.

Une chose qu'il faut déjà voir, c'est bien entendu la localisation du conflit, qui touche un domaine circonscrit, celui de Gaza et ses environs. Gaza, c'est une bande de terre avec une ville, appelée Gaza (ou Gaza City), une banlieue, et des camps de réfugiés où vit un tiers de la population gazaouite. Etant donné que celle-ci est de 1,7 million de personnes, on imagine les difficiles conditions de vie, qui plus est avec le blocus israélien, puisque le territoire fait 41 kilomètres de long pour entre 6 et 12 kilomètres de large.

Et comme on le voit sur la carte, Gaza est le pendant occidental de la Cisjordanie, appelée Judée-Samarie par Israël et où vivent 2,7 millions d'Arabes palestiniens et 500 000 israéliens, dans des « colonies » fermées et grignotant toujours davantage le territoire arabe.

On devine donc que si l'État d'Israël veut continuer à s'étendre géographiquement, et c'est son but avoué, alors il faut faire en sorte que Gaza tombe. La crise actuelle est en fait la bataille pour Gaza.

L'objectif est l'exode massif de la population arabe, afin que la bande de Gaza passe à un état de désorganisation avancée, pour ensuite l'annexer d'abord de manière non officielle, avec une pseudo entité administrative, puis ensuite ouvertement.

C'est le premier point, évident. Et pourtant il est oublié par tous les commentateurs qui parlent des « Palestiniens » en général. Théoriquement c'est juste et cela devrait l'être, mais les Palestiniens n'ont pas d'organisation les représentant, leur organisation sociale et nationale a été liquidée.

La Cisjordanie dépend par ailleurs administrativement de l'Oraganisation de Libération de la Palestine (OLP) et la bande de Gaza du Hamas, ce qui a été très intelligent de la part des Israéliens qui, ainsi, scindent historiquement la Palestine. Gaza a été abandonnée militairement en 2005  l'État d'Israël, qui y a démantelé toutes ses colonies et retiré unilatéralement ses forces armées, pour placer une pseudo administration palestinienne qui, s'effondrant, pave la voie à une nouvelle intervention. Une fois Gaza liquidée, les Arabes de Cisjordanie se verront repoussés vers la Jordanie, État fantoche à la solde de l'impérialisme.

L’État israélien a profité pour cette stratégie de l'effondrement du social-impérialisme soviétique, auquel était lié les principaux mouvements palestiniens historiquement (OLP et Fatah, FPLP, FDLP). Ces mouvements se plaçaient dans une stratégie de libération nationale, avec des éléments sociaux, mais ne reconnaissaient pas la dimension semi-féodale du pays, car ils n'acceptaient pas le matérialisme dialectique.

Pour cette raison, ce sont ensuite les mouvements portés par la dimension semi-féodale, notamment le parti islamiste Hamas, et bien entendu par des forces extérieures les finançant, qui ont commencé à prendre le dessus.

Or, le Hamas est porté par des couches féodales et par la bourgeoisie nationale de droite, qui accepte par définition le statu quo, tout en utilisant des tirs de roquettes et de mortiers comme moyen de pression. Face à un ennemi expansionniste, c'est suicidaire politiquement, et l'affaire de l'enlèvement et le meurtre de trois adolescents israéliens – un adolescent arabe étant brûlé vif en représailles par des ultra-nationalistes israéliens – fournit un « prétexte » politique tout trouvé.

L'État d'Israël bombarde donc des bases du Hamas, faisant déjà une centaine de morts, alors qu'à l'inverse les forces gazaouites jettent des roquettes par centaines, sans provoquer de morts de par leur imprécision et de par l'utilisation par l'armée israélienne de batteries antimissiles (appelées « dôme de fer »), bloquant 90 % des tirs.

Et l'État israélien est emporté par son propre engouement idéologique. La ligne sioniste laïque traditionnelle, cherchant à temporiser pour coloniser progressivement, avec l'assentiment américain et éventuellement à coups de guerres-éclairs, se trouve de plus en plus mis en porte-à-faux par un sionisme millénariste.

Ce sionisme religieux, inexistant il y a 50 ans à part chez le rabbin Abraham Kook, est désormais en pleine conquête, et est totalement conforme à l'esprit millénariste protestant américain : on a ici affaire à des gens considérant que leurs actions sont conformes au « plan de Dieu ».

C'est pour cela, que dans un délire militaire irrationnel, l'Etat sioniste accentue sa prétention à l'expansion, profitant de la faiblesse palestinienne, précisément à Gaza et justement face au Hamas, force féodale incapable de mobiliser nationalement.

Si l'on voit, en plus, que le Hamas est lié aux Frères musulmans, mais que ceux-ci ont perdu le pouvoir en Égypte, et que l'Iran et la Syrie n'ont pas accepté le soutien du Hamas à la pseudo « révolution syrienne » et lui ont retiré leur appui, il ne reste alors plus pour le Hamas que le Qatar comme principal soutien... Ce dont l'Etat israélien compte bien profiter, aux dépens des masses palestiniennes.

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