10 aoû 2005

Le président « altermondialiste » Lula à Paris le 14 juillet pour le défilé militaire franco-brésilien: voilà le résultat du pseudo altermondialisme et de la politique trotskyste de la LCR !

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En janvier 2003 avait lieu le forum social mondial à Porto Alegre (Brésil), qui fut salué par Chirac qui envoya même une lettre officiellement lue au forum.

En tête d'affiche : Lula. Un ancien métallo, leader du Parti des Travailleurs, élu quelques mois auparavant, en octobre 2002, à la présidence du Brésil.

Une élection marquée par un grand engouement populaire, 61,3% des suffrages, contre 38,7% à son adversaire social-démocrate, l'ex-ministre de la Santé José Serra, 20 millions de voix d'avance et un programme « radical » : suspension immédiate du paiement de la dette, augmentation du salaire minimum légal, réforme agraire, redistribution des terres aux paysans (MST), augmentation des dépenses publiques, notamment dans les secteurs de l'enseignement et de l'éducation, éradication de la faim, etc.

En 2003 l'altermondialisme, ATTAC en tête, avait son modèle : le Brésil.

L'équivalent brésilien de la LCR d'Olivier participait d'ailleurs au gouvernement, en tant que tendance du Parti des Travailleurs, avec des députés et un ministre.

En 2005 ATTAC et les trotskystes pourront de nouveau acclamer Lula, cette fois à Paris même.

Car le 14 juillet des troupes militaires brésiliennes défileront aux côtés de l'armée française sur les Champs-Elysées.

La fanfare martiale du corps des fusiliers marins brésiliens ouvrira la cérémonie, les élèves de l'académie militaire des Agulhas Negras défileront avec les soldats français, et sept avions de combat brésiliens (les Tucano) clôtureront le défi aérien.

Lula, le président brésilien, assistera au défilé depuis la tribune présidentielle, au côté de Jacques Chirac.

Quel est le pays dont Lula est le président ?

Est-ce un pays ayant avancé vers le socialisme grâce à Lula et ses soutiens trotskystes ?

Non.

Le Brésil est un pays du « tiers-monde » dans tout ce qu'il y a de plus classique.

Selon les statistiques officielles, 20% de la population est extrêmement pauvre, 1% extrêmement riche. 10% des Brésiliens possèdent 65% de la richesse et 40% de la population seulement 7% de la richesse.

Dans les campagnes les grands propriétaires terriens possèdent une grande majorité des terres.

4,5 millions de familles sans terre font face à 27.000 grands propriétaires terriens, qui se défendent avec leurs propres milices armés.

Un système directement issu de la colonisation portugaise au 16ème siècle où les terres avaient été distribuées aux colons qui pouvaient les gérer comme ils l'entendaient.

A cette féodalité des campagnes s'ajoute le caractère compradore / bureaucratique de la bourgeoisie. Les entreprises industrielles ne sont pas brésiliennes; elles sont gérées par une bourgeoisie bureaucratique brésilienne au service des puissances impérialistes.

Pour prendre un exemple parlant, le gigantesque terminal d'exportation de soja a été construit par le nord-américain Cargill, qui s'alliera bientôt au groupe brésilien Blairo Maggi, dont le président est le grand propriétaire terrien (150.000 hectares) et gouverneur du Mato Grosso.

Leur objectif : l'asphaltage de la BR-163, une route traversant la forêt et reliant le nord au sud du pays, afin de renforcer l'industrialisation du pays.

Le pays est dominé par l'impérialisme qui gère le pays par l'intermédiaire d'une bourgeoisie bureaucratique alliée aux grands propriétaires terriens.

Lula est le représentant de la modernisation de ces rapports impérialistes.

Le Parti des Travailleurs de Lula travaille ainsi main dans la main avec l'ABAG, l'association brésilienne d'agro-business.

Le pays est déjà le premier pays producteur et exportateur de jus d'orange, de sucre, de café, de tabac, de poulet et de viande bovine.

Mais depuis Lula l'agro-business fait une progression en terme de dizaines de pour-cents par an.

Ce sont ainsi l'équivalent en terme de superficie de cinq terrains de football de forêts amazoniennes qui sont dévastées chaque minute afin de servir l'agro-business.

17,5% de la forêt a disparu depuis l'arrivée des colons européens. Le Brésil est censé devenir le pays par excellence de l'agro-business, grâce aux OGM, autorisés par Lula. Voilà ce qu'est le Brésil. 

Et même si l'on avait pas compris le caractère semi-féodal semi-colonisé du Brésil, il suffisait de voir ce qu'a fait Lula.

Dès son accession à la présidence que Lula a pactisé avec les libéraux en nommant à la vice-présidence un libéral patron du textile.

La dette atteignant 260 milliards de dollars, soit 62% du PIB, la dépendance vis-à-vis de l'impérialisme ne pouvait disparaître qu'en affrontant le FMI. Au lieu de cela, l'une des premières affirmations de Lula une fois président était qu'il allait « respecter les engagements du président sortant concernant la dette extérieure du pays ainsi que les objectifs budgétaires du gouvernement définis avec le Fonds Monétaire International (FMI). »

Le gouvernement s'est alors même engagé à atteindre  4.25 % de surplus budgétaire au lieu des 3.75% exigés !

Le gouvernement a donc payé en 2003 50 milliards de dollars pour les intérêts de la dette, soit cinq fois plus que le budget consacré à la santé, huit fois plus que celui de l'éducation et 140 fois plus que les dépenses pour la réforme agraire.

En fait dès le départ les postes importants du gouvernement ont été donné aux personnes directement liés aux intérêts impérialistes et compradores / bureaucratiques, les personnalités « de gauche » n'ayant droit qu'à des strapontins.

Ainsi, le président de la banque centrale nommé fut Henrique de Campos Meirelles, ancien président de la banque Fleet Boston, 7ème banque aux USA et deuxième créancier du Brésil.

Président qui éleva les taux d'intérêts, accentuant la dépendance vis-à-vis des dettes, bloquant les emprunts pour la bourgeoisie nationale qui ne peut pas se développer, écrasée par le capital impérialiste.

On a donné une image de gauche à Lula car ils s'est opposé à la guerre en Irak.

Mais Lula ne s'est pas opposé à la guerre sur une position anti-impérialiste, il ne faisait que soutenir les impérialismes concurrents des USA.

Chirac aussi était « opposé » à la guerre en Irak. Dans le passé De Gaulle était « contre » la guerre au Vietnam.

Tout cela ne veut rien dire s'il n'y pas de soutien clair à la victoire des peuples et nations opprimés.

De la même manière, l'opposition de Lula à la réunion de Cancun aux côtés de pays comme la Chine, l'Inde ou l'Afrique du Sud, montre qu'il est devenu le chef de file ce qui était le « mouvement des non-alignés » des années 1970.

La Yougoslavie de Tito organisait la soumission aux impérialistes d'Europe, le Brésil de Lula fait la même chose dans les années 2000.

Lula est très clairement le défenseur de la bourgeoisie compradore / bureaucratique. L'économie tourne pour l'exportation, c'est-à-dire pour les biens fabriqués par la bourgeoisie compradore / bureaucratique, pour les multinationales.

Les industries visant le marché brésilien sont délaissés; les productions de boissons, vêtements et chaussures ont baissé de plus de 7% les six premiers mois de 2004.

Dans le même temps l'industrie des biens durables a connu une croissance de 28,2% au-dessus de son niveau de 2002, celle des biens non-durables une baisse de 0,8%, et les profits du secteur financier ont connu une croissance de 14,7% par rapport à 2003.

Si un million d'emplois ont été créés, c'est uniquement pour satisfaire les besoins de la bourgeoisie compradore / bureaucratique en main d'oeuvre, et les 25% de personnes au chômage forment une armée de réserve de rêve pour l'impérialisme.

Si l'on prend le « Plan Faim Zero », il bénéficie à un peu plus de 3 millions de personnes, sur un objectif total de 54 millions.

Quant à la distribution des terres, base de toute révolution agraire, elle n'a naturellement pas lieu.

Ce qui est normal: la question de la terre touche la question de la propriété, question qui ne peut être résolue que par la lutte armée.

La distribution n'a donc concerné que 28.700 familles, soit même pas la moitié de ce qui est prévu; la distribution ne concerne de toute façon que 400.000 familles en 4 ans selon le programme de Lula.

Il n'a non plus rien d'étonnant à ce que le responsable de cette « redistribution », officiellement « avec les terres non utilisées », ait été dirigée par un dirigeant trotskyste de la 4ème Internationale (dont fait partie la LCR de Besancenot).

L'un des six députés de la tendance trotskyste du Parti des Travailleurs de Lula, Fantasini, affirmait même dans l'organe de la LCR que « ce gouvernement peut révolutionner -au sein de l'actuelle conjoncture- le cadre démocratique du pays, pour se transformer en un gouvernement démocratique et populaire, et devenir un gouvernement éminemment socialiste. » (Rouge, 16 janvier 2003)

Le ministre du Développement agraire de Lula, Miguel Rossetto, sera d'ailleurs également membre de l'équivalent brésilien de la LCR, jusqu'à ce qu'en... février 2005 la Quatrième Internationale considère qu'il n'est plus possible de soutenir Lula.

Il aura fallu trois années.

Et si elle l'a fait, c'est uniquement parce que le PT a exclu de nombreux militants trotskystes, dont 4 députés s'opposant, non pas à la nullité des réformes agraires, mais à la réforme libérale des retraites !

La quatrième Internationale a même soutenu pendant une période à la fois les trotskystes au gouvernement et ceux exclus formant un nouveau parti (le P-sol) !

Et l'objectif de ce nouveau parti... est de faire ce que le PT n'est pas arrivé à faire !

Pour les trotskystes la réforme d'un gouvernement progressistes est possible, à condition que la pression d'en-bas soit forte !

Au lieu de pratiquer une révolution agraire, de mener la lutte armée pour former une guerre populaire et s'approprier le pays, les paysans ont ainsi été amené dans la voie électorale du soutien au populisme de gauche.

Les trotskystes ont joué un rôle clairement contre-révolutionnaire dans le mouvement de masse.

La thèse trotskyste d'un gouvernement de Lula « mi-populaire et mi-bourgeois » vise à cacher le caractère fasciste de la société brésilienne.

Les grands propriétaires terriens dominent toutes les campagnes, les villes sont des mélanges de favelas et de zones de travail dignes de l'esclavage aux services des impérialistes, la nature se fait anéantir afin de satisfaire la transformation du pays selon les besoins de l'impérialisme...

Le Brésil a besoin d'une révolution agraire qui chasse également l'impérialisme, afin de libérer le pays de son statut semi-colonial semi-féodal.

L'alliance Chirac-Lula, du maître impérialiste et de l'esclave néo-colonisé, montre très bien le rôle et la nature de la LCR, d'ATTAC et d'une partie du mouvement altermondialiste.

Il n'y a pas de troisième voie entre capitalisme et communisme.

Seule la guerre populaire, au Brésil comme partout ailleurs, répond aux exigences de notre temps !

Pour le PCMLM, juillet 2005. 

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